22 Août 2014

Nous avons la classe politique que nous méritons

Category: Société (pervertie)Léo @ 16 h 29 min

Mettons de côté notre chauvinisme et faisons preuve d’autocritique : le fait d’avoir choisi un gouvernement dont aucun des membres ne possède une expérience significative du monde de l’entreprise, ce n’est pas très intelligent.

Le fait d’avoir élu un Président dont le programme se résumait à une réforme fiscale (prendre plus aux riches) et à la promesse de recruter des fonctionnaires, alors que notre pays est surendetté, sans croissance et probablement le mieux pourvu en agents de l’Etat de tous les pays de l’OCDE, c’est une terrible bourde.

Mais enfin, faut-il qu’une bonne partie des électeurs français puisse croire encore au Père Noël pour se retrouver avec un Président et des Ministres qui depuis mai 2012 accumulent, de façon tout à fait prévisible, les contre-performances ? Car le résultat de notre naïveté est tangible, il est visible tous les jours et nous le payons cash :

-le chômage continue d’augmenter tandis qu’il décroît ailleurs

-la croissance stagne alors qu’elle est repartie dans de nombreux pays

-les impôts augmentent alors que nous avions déjà le privilège d’être parmi les pays les plus confiscatoires si ce n’est le premier d’entre eux

-la dette de l’Etat continue d’augmenter, à des niveaux inquiétants.

 

Additionné aux précédents, ce dernier point laisse d’ailleurs pantois. Une question se pose irrémédiablement : où est passé l’argent ? Le gouvernement n’aurait-il pas acheté du temps pour assurer son confort en différant le « sale travail » qui finira par s’imposer un jour ou l’autre ?

Le gouvernement précédent n’était pas parfait, loin s’en faut, et a commis des erreurs. L’ancien Président lui-même s’est comporté de façon outrancière au lieu de calmer la bronca des média de gauche (très majoritaires) qui ne souhaitaient qu’une chose : torpiller son mandat quoi qu’il fît. Ceci étant dit, comme l’avait souligné Max Gallo, avec N.Sarkozy, le pays était tout de même rentré dans une ère de réformes et l’on pouvait constater des progrès tangibles. Y compris au niveau des chiffres comparatifs du chômage, et c’était sans doute la preuve la plus probante (cf article précédent : « N’ayons pas peur des données économiques comparées »).

Force est de constater que cette période d’amélioration relative est bel et bien terminée. Elle s’est achevée en mai 2012. Mais il y a plus grave : nombreux sont les français qui ne savent toujours pas que les résultats du gouvernement actuel sont systématiquement mauvais. Ni que ceux-ci étaient meilleurs sous le gouvernement précédent ! Pourquoi ?

Outre les raisons idéologiques qui font que l’on ne veut pas voir ce qui risquerait de fissurer les croyances affectives* auxquelles on tient le plus, nombreux sont les français qui considèrent en effet que les dégâts de la crise bancaire sont à mettre au débit du Président de l’époque, un peu comme s’il était à l’origine de celle-ci, ou n’avait pas su l’éviter.

Il serait d’ailleurs édifiant de mesurer la proportion d’électeurs réellement conscients que la crise bancaire a frappé pratiquement tous les pays en même temps. Ou encore la proportion d’électeurs réellement conscients que la seule façon de juger de l’efficacité d’une politique est d’en comparer les résultats avec les autres pays voisins ? Combien d’électeurs français savent que les économies sont liées entre elles et qu’un taux de croissance ne se décrète pas dans un cabinet ministériel ?

Le problème français est multiple, mais il se résume en grande partie à ces quelques points cardinaux qui font notre spécificité :

-une culture économique très limitée par rapport aux autres pays riches. Outre les classements comparatifs internationaux et l’avis d’économistes de renom qui sont sans appel (cf article précédent : « N’ayons pas peur des données économiques comparées »), certains analystes pensent que jamais un F.Hollande n’aurait pu émerger en Angleterre ou en Allemagne, c’est inimaginable.

-une « nostalgie marxiste » (pour ne citer que M.Valls lorsqu’il parlait du PS il y a tout juste cinq ans) indécrottable qui fait que l’on attend trop de l’Etat, et pas assez de la prise de risque individuelle. Cette nostalgie est d’ailleurs le meilleur moyen pour encourager l’inculture économique. Ainsi nombreux sont les français à afficher de splendides postures altruistes tout en en méprisant  à la fois les modalités techniques de leur implémentation et l’éventuelle perversité de leurs résultats. Pour ne citer qu’un seul exemple, n’est-ce pas en France qu’une femme politique française (S.Royal) avait osé proposer de mettre le SMIC quasiment au niveau du salaire des OS ? Cette nostalgie est présente partout, y compris au plus haut niveau de la classe politique.

-une corporation journalistique qui est le plus souvent dans la posture militante, à gauche bien sûr (ne jamais oublier les résultats du sondage Harris Interactive : 74% des journalistes ont voté F.Hollande à la présidentielle. Un score à la soviétique !), plutôt que d’informer librement et objectivement sur les évènements macro-économiques. La façon dont certains média comme Libération ou Marianne ont couvert la crise bancaire tient de la désinformation pure et simple. La façon dont France Info ou France 2 couvrent les fermetures d’usines et interviewent les syndicats extrémistes qui réclament des interventions de l’Etat est tout autant insidieuse. Jour après jour dans l’esprit du public le moins averti se répand une sorte de bouillon économique glauque et parfaitement marxiste, celui-là même qui nourrit la  moraline du politiquement correct français. Trop nombreux sont les média à jouer aux apprentis sorciers.

-une représentation syndicale complètement pervertie qui fait que 8% seulement des français sont syndiqués, parmi lesquels une surreprésentation des fonctionnaires. Cette représentation se fait principalement par le biais de syndicats d’extrême gauche qui sont aussi familiers avec le monde économique que peut l’être le gouvernement actuel.  

-une éducation nationale qui reproduit méthodiquement le moule dont elle est façonnée et qui se débrouille pour inculquer dans de très nombreuses filières (lettres et sciences humaines, facultés de sciences) un mépris satisfait du monde de l’entreprise, de la prise de risque et de l’économie. A l’instar des média, ces filières déversent jour après jour leur venin marxiste. Un tel endoctrinement est indigne d’un pays démocratique. C’est une rareté.

 

Que va-t-il se passer après avoir perdu plus de deux ans avec ce gouvernement de fonctionnaires et de politicards déconnectés du réel ?

Certes, celui-ci ne survivra certainement pas à ses résultats catastrophiques. Mais allons-nous assister de nouveau à un virage à angle droit avec des électeurs qui vont se mettre à croire tout d’un coup en un autre Père Noël miraculeux ? Par exemple en un Père Noël qui va leur faire miroiter la fin de nos problèmes grâce à la sortie de l’euro et au retour au Franc ?

Comme toujours, on en revient à la fragilité inhérente à la démocratie : tout pays qui fait voter ses citoyens sans les informer ni les éduquer correctement génère en son sein même le poison qui le tuera. D’un pays qui est capable de croire en un Père Noël quel qu’il soit, peut-on en effet penser qu’il soit la fois conscient des réels enjeux, et capable de voter pour le principe de réalité ?

Quels sont les réels enjeux ?

Après tout, si la planète devenait du jour au lendemain étatiste et fonctionnarisée comme nous le sommes, pourquoi pas ? Certes, le progrès ralentirait, la croissance deviendrait probablement négative, et les populations se rendraient progressivement compte des avantages de l’économie de marché. Mais au moins, la France ne serait pas la seule à souffrir, et elle ne déclinerait pas plus vite que les autres pays qui sont ses concurrents.

Mais faire croire aux français que nous pouvons continuer de jouer dans la cour des grands pays (tous libéraux) sans changer notre comportement est totalement criminel. Les enjeux sont exactement là : acceptons-nous le déclin ou pas ? Sommes-nous prêts à en payer le prix ou préférons nous nous battre à armes égales en termes de compétitivité industrielle, de quantité de travail et de niveau de rémunération ?  Ne nous voilons pas la face : il est trop tard pour convaincre le reste du monde aux 35H, à la sur-fonctionnarisation et à la surprotection sociale.

Qu’est-ce que le principe de réalité ?

Le principe de réalité est généralement associé à l’effort. On en parle lorsque l’on a affaire à un malade qui rêve, qui se berce d’illusion. Lorsque Schroeder a déclaré aux Allemands que s’ils continuaient ainsi, l’Allemagne deviendrait un pays du club-med, il s’est adressé au cerveau gauche. Il a sollicité le réalisme des citoyens allemands. Il a sollicité leur secondarité. En d’autres termes, il leur a demandé de différer leur principe de plaisir, et de faire des efforts pour se réadapter au réel.

 

On peut toujours se prendre à rêver… Si l’éducation nationale et l’ensemble des média, des hommes politiques et des syndicats changeaient tout d’un coup leur logiciel et se mettaient enfin à jouer la carte du pragmatisme et de la vérité, il ne faudrait pas des décennies pour déciller la population. Hélas, il est évident que pour initier un tel processus de réadaptation, l’existence d’un leader providentiel permettrait de gagner beaucoup de temps. Si celui-ci existe, on ne peut qu’espérer qu’il se manifeste. Le plus rapidement possible. Sinon, il ne reste qu’à souhaiter un réflexe collectif de salubrité publique…

 

 

 

*l’idéologie est du domaine des affects, pas des faits, faut-il le rappeler ?

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