22 Déc 2021

Pandémie : après les scandales, la juste prudence ?

Depuis des mois, les annonces gouvernementales relatives à la pandémie de Covid19 se suivent et se ressemblent. Elles sont alarmistes, forcément anxiogènes.

Surtout qu’après avoir fait miroiter la fin de l’épidémie grâce à la vaccination, le gouvernement se retrouve face à une recrudescence des cas qui le pousse à recommander une nouvelle injection. Faudra-t-il se refaire vacciner tous les six mois ? Combien de temps ce manège durera-t-il ?

A continuer ainsi dans la surenchère après avoir soulevé l’espoir d’un retour à la vie normale, le gouvernement prend un énorme risque : celui de perdre toute sa crédibilité.

Cependant, la raison pour laquelle il préfère s’en tenir de plus en plus à un discours de fermeté réside probablement dans le souci de sauvegarder le peu de confiance qui lui reste auprès des Français. Car, ne l’oublions pas, depuis mars 2020 et la succession de scandales liés à la lutte contre le virus, le gouvernement revient de très loin.

Un gouvernement qui doit faire oublier sa gestion calamiteuse

Période électorale oblige, il est d’intérêt public de se remémorer l’inconséquence du gouvernement Macron-Philippe dans sa gestion de la pandémie.

A cette inconséquence se rajoute une évidente malhonnêteté, malhonnêteté qui a fait l’objet de nombreuses plaintes en justice. Voici un bref mais salubre rappel des faits :

  • dès janvier 2020 une étude déclenche une alerte qui est aussitôt confirmée par de nombreux épidémiologistes quant à la rapidité de la propagation du virus au départ de la Chine. Mais le gouvernement ne réagit pas ;
  • contre toute attente, les élections municipales sont maintenues le 15 mars, alors que le virus fait rage, que des mesures sont recommandées en matière de rassemblements publics et que dès le 11 janvier, l’ex ministre de la Santé Agnès Buzyn aurait averti l’exécutif des dangers ;
  • la bouche en cœur, Jean-Michel Blanquer annonce le matin même des élections que « 50 à 70% de la population in fine finit par être contaminée par le virus, et c’est d’ailleurs ça qui met fin au virus puisque ça crée une forme d’immunité majoritaire ». Comprenant qu’avec la mortalité affichée cela représente beaucoup de décès, le gouvernement laisse tomber cette idée et décrète le confinement ;
  • le stade pandémique est officiellement déclaré mais la France, pourtant parmi les pays les plus touchés, ne dispose toujours pas des outils de protection basiques et indispensables que sont les masques et les gels hydro-alcooliques. Par manque de tests, aucune politique de dépistage n’est mise en place alors que l’expérience asiatique prouve que c’est l’une des clés de la maîtrise rapide de l’épidémie ;
  • par réflexe bureaucratique, le gouvernement privilégie les hôpitaux publics. Très vite leurs capacités sont submergées dans l’Est. De nombreuses cliniques privées de cette région se plaignent de ne pas pouvoir faire profiter de leurs lits équipés d’appareils respiratoires par manque de masques pour le personnel. Pendant ce temps, des malades de cette région sont évacués par avion spécial vers des hôpitaux publics dans le sud ;
  • les mesures de confinement sont durcies, les déplacements sont réduits au strict nécessaire et des contrôles de la population dignes d’une dictature sont mis en place via 100 000 policiers dépêchés sur le terrain. Ces policiers n’ont ni masques ni gants mais doivent contrôler les déplacements des citoyens par le biais d’un questionnaire auto-déclaratif ubuesque. Certains d’entre eux se rétractent, leurs syndicats réclament des protections. Une incroyable directive leur est envoyée le 18 mars : « Nous demandons à tous les effectifs employés sur le terrain de retirer les masques de protection ». Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner ne cesse de répéter (et donc de mentir) que les policiers ne courent aucun risque. Puis, devant les menaces d’exercice de leur droit de retrait, il lance jeudi 19 mars un appel d’offre pour les équiper de masques, de gants et de gels ;
  • le 19 mars, un collectif de plus de 600 médecins attaque en justice l’Etat, Agnès Buzyn ainsi qu’Edouard Philippe pour « mise en danger des personnes » ;
  • le 20 mars, pour camoufler l’impréparation gouvernementale, lors d’une conférence hallucinante, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye déclare que « les masques ne sont pas nécessaires pour tout le monde …/… ça peut même être contre-productif  » ;
  • les propositions d’industriels bien introduits en Chine pour approvisionner rapidement la France en masques sont restées lettre morte. Il en est de même un peu plus tard concernant les offres de service de plusieurs laboratoires vétérinaires français capables de fournir des tests de dépistage en nombre suffisant, condition nécessaire pour débuter une politique de prévention. Le gouvernement ne donne pas suite ;
  • 1 avril 2020, l’Allemagne affiche un taux de mortalité par million d’habitants 4 fois moindre que le nôtre, grâce à une politique de dépistage systématique. Ce qui n’empêche pas le premier ministre Edouard Philippe, alors qu’il est sommé par le Senat de se justifier, d’émettre des doutes sur les chiffres communiqué par notre voisin ;
  • 13 avril 2020, après l’Etat, Agnès Buzyn et Edouard Philippe, le collectif de médecins rajoute Olivier Véran dans sa plainte ;
  • mai 2020, le gouvernement commence à peine à approvisionner la population en masques ;
  • décembre 2020, démarrage tardif et improvisé de la campagne de vaccinations, avec la nomination d’un responsable de la logistique postérieur au lancement de l’opération ;
  • mars 2021, Véran fustige le maire de Cannes d’avoir réussi à se procurer des vaccins pour les plus de 50 ans ;
  • début mai 2021, la France affiche une mortalité 4 fois supérieure à la moyenne mondiale. Avec en prime la plus forte récession européenne, conséquence du confinement non ciblé et de la très rapide et paradoxale incitation au chômage partiel, ces deux mesures imposant un arrêt brutal et plus fort que nécessaire de l’économie du pays.

Un gouvernement qui semble avoir repris les choses en main

Ce bref historique ne prétend pas à l’exhaustivité. Mais il montre combien le gouvernement a manqué de professionnalisme et d’intégrité. Un tel comportement à la fois inconséquent et malhonnête est une honte dans un pays dit « démocratique ».

Alors, que Macron, Véran ou l’actuel porte-parole Gabriel Attal rivalisent d’annonces alarmistes et statuent sur un sésame sanitaire encore plus contraignant n’est finalement pas si mauvais signe.

Après des ratages sans discontinuer pendant près d’un an, il est possible que le gouvernement ait enfin pris toute la mesure de l’imprévisibilité du virus d’une part, et de l’importance des tâches régaliennes qui sont les siennes d’autre part. Face à la recrudescence du virus qui affecte nos voisins Anglais et Allemands, la prudence est toujours préférable à l’impréparation et aux mensonges.

Reste toutefois une interrogation : le gouvernement a-t-il repris les choses en main dans le souci de servir les citoyens, ou parce que nous sommes en période électorale ? Après un tel passif, la question mérite d’être posée.

Une réponse à “Pandémie : après les scandales, la juste prudence ?”

Laisser une réponse