12 Fév 2022

Présidentielle 2022 : plusieurs nuances de communisme

Category: Grandes énigmes socialistes,Leaders (politicards)Léo @ 11 h 49 min

Rares sont les pays de la communauté européenne dans lesquels on trouve un candidat qui se réclame du Parti Communiste. Encore plus rares sont ceux où plusieurs candidats communistes s’affrontent lors d’une présidentielle ! Les échecs des expériences collectivistes qui ont violemment émaillé l’Histoire ont tout de même fini par marquer les esprits.

Sauf peut-être en France où les leçons du passé n’ont toujours pas été tirées : dans notre pays, véritable musée des traditions marxistes, plusieurs candidats à la présidentielle arborent un programme fondamentalement étatiste.

Que le candidat officiel du PCF Fabien Roussel ose déplorer qu’une partie des électeurs « s’est égarée dans le vote extrême » (sic), sous-entendu d’extrême droite (RTL 23/01/22) ne doit pas faire illusion. C’est bien connu, il n’existe d’extrême que dans le camp d’en face, puisque la sémantique de gauche domine de la tête et des épaules le discours politique français.

Mais balayons ce Yalta linguistique et que voyons-nous ? La France, ô stupeur, est le royaume des extrémistes et des dirigistes de gauche[1]. Ils ont pignon sur rue, ils font partie du paysage. Ils sont heureusement moins nombreux qu’en 2017. Mais ils sont encore légion. Qu’on en juge :

Fabien Roussel le candidat officiel du PCF

Dans un précédent article, la troisième marche du podium des candidats les plus anti-libéraux était raflée sans difficulté par Roussel. Depuis, ses propositions se sont étoffées. Ainsi qu’on peut le constater sur le site de l’IFRAP[2] qui les détaille une par une, il s’agit de mesures radicalement collectivistes.

A l’exception de sa préférence pour le nucléaire et la défense de la Nation, qui distingue Roussel des autres extrémistes de gauche, ce qui lui vaut les critiques de ces derniers, on retrouve les mêmes archétypes communistes que sont le racket des riches et des entreprises, l’aplanissement dirigiste des inégalités sociales, la destruction des outils de la reproduction de la classe dominante, et l’accroissement des dépenses d’un Etat toujours plus envahissant et omnipotent.

Tout cela bien sûr dans un déni du monde économique concurrentiel moderne qui laisse pantois. Voici quelques échantillons parmi les plus emblématiques :

-rétablir l’ISF et le tripler ;

-doubler l’impôt sur les bénéfices des multinationales ;

-tous les plans sociaux et les licenciements en cours seront suspendus pour lancer un moratoire et mettre en place des solutions alternatives, avec l’obligation qu’elles ne donnent lieu, ni à des suppressions d’effectifs, ni à la baisse du prétendu « coût du travail » ; annulation des licenciements, notamment en cas de distribution de dividendes ;

-la semaine de travail passera à 32 heures, sans diminution de salaire ;

-revenir aux nationalisations d’entreprises, « un investissement sur le long terme » : engager une réappropriation publique et sociale de la SNCF, d’EDF, d’Engie, de la Poste et de France Telecom ;

-augmenter le SMIC de 20%, à 1 800 euros bruts ;

-recruter 90 000 enseignants qui recevront une formation de niveau bac+5 ; augmenter les salaires de 30% et dégeler le point d’indice.

-aucune pension inférieure à 1 200 euros net et la demi-part des veuves et des veufs sera rétablie ;

-rétablir la retraite à 60 ans, à taux plein : la pension atteindra 75% du revenu net d’activité dans le secteur public comme dans le secteur privé. Dans le privé, le calcul s’effectuera sur la base des 10 meilleures années de salaires avec les primes. Pour les agents du public, il existera un droit d’option la plus favorable entre les 10 meilleures années de salaires avec les primes ou les 6 derniers mois de traitement indiciaire ;

-mettre fin à ParcourSup ; supprimer la sélection à l’entrée de l’université et construction de 4 nouvelles universités ; passer le budget de l’enseignement supérieur de 14 à 20 milliards d’euros et recrutement de 10 000 enseignants-chercheurs ;

rétablir l’ENA ;

-créer 500 000 emplois dans la fonction publique et les services publics ; cesser la précarisation des personnels (actuellement un million de non titulaires) ;

Fabien Roussel un candidat communiste qui n’est pas le seul

Que certains médias positionnent Roussel « tout à gauche de l’échiquier politique » (Huffpost 24/01/22) confirme leur incapacité à investiguer au-delà des étiquettes.

Car la concurrence est rude à gauche. Parmi les postulants étatistes et liberticides, Roussel n’est certainement pas le plus dangereux. Les nostalgiques du communisme ont l’embarras du choix :

Jean-Luc Mélenchon propose un programme encore plus radical. Voici un extrait des mesures les plus liberticides et collectivistes qu’il annonce :

-bloquer les prix des produits de première nécessité ; encadrer les prix alimentaires ;

-rétablir et renforcer l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) ;

-augmenter les droits de succession sur les gros patrimoines et créer un héritage maximum pour les fortunes les plus importantes ;

-encadrer les loyers partout sur le territoire ;

-réquisitionner les logements vides et les remettre sur le marché ;

-rétablir la retraite à 60 ans ;

-renationaliser la SNCF, refuser la libéralisation et la mise en concurrence du transport ferroviaire ; nationaliser les autoroutes et les aéroports stratégiques ;

-interdire les licenciements boursiers et le versement de dividendes dans les entreprises ayant recours à des licenciements économiques ;

-faire voter une loi d’amnistie pour les syndicalistes, militants écologistes, associatifs et les Gilets jaunes qui ont été condamnés pour leur participation à la vie publique ;

-réserver la taxe d’apprentissage aux établissements publics et interdire la délivrance de diplômes professionnels privés ;

-instaurer une taxe kilométrique aux frontières de la France pour dissuader les délocalisations et l’importation de produits trop éloignés ;

-mettre fin à la cotation continue des entreprises en bourse ;

-interdire les fermes-usines ;

-garantir des recrutements qui reflètent la diversité sociologique de la société dans les concours de la fonction publique ;

Anne Hidalgo. Ne nous laissons pas berner par le flegme apparent de la maire de Paris. Sous couvert d’écologie et de protection sociale, son programme est d’un dirigisme rare :

-diminuer la vitesse sur les autoroutes de 130 à 110km/h ;

-abroger Parcoursup ; porter à 60% d’une classe d’âge le nombre de diplômés du supérieur ;

-généraliser l’encadrement des loyers, de manière à s’assurer que les Français ne paient pas plus d’un tiers de leurs revenus pour se loger ;

-sans modifier la durée légale (35H), inciter les entreprises qui le souhaitent à avancer vers la réduction du temps de travail ;

-les entreprises de plus de 1 000 salariés devront compter 50 % d’administrateurs salariés dans les conseils d’administration et de surveillance, ainsi que dans les comités qui en procèdent. Cette part sera de 33 % dans les entreprises de moins de 1 000 salariés ;

-mise en place d’un ISF afin de mettre à contribution les plus fortunés pour financer la transition énergétique. Les placements liés aux énergies fossiles seront surtaxés ;

-faire payer à chacun l’impôt en fonction de ses moyens en mettant fin au chantage à l’évasion fiscale ;

-sortie rapide du nucléaire ;

Christine Taubira. Il est encore trop tôt pour juger. Mais les quelques mesures qu’elle a rendu publiques donnent un avant-goût qui ne laisse aucun doute :

-application de la carte scolaire à l’école privée ;

-refonte des conditions d’installation et d’exercice des médecins, avec une obligation de résultat ;

-négociation sur les salaires et suppression d’avantages pour les entreprises en cas d’échec ;

-création d’un impôt sur l’extrême-richesse : cet impôt concernera les patrimoines supérieurs à 10 millions d’euros et permettra de dégager plus de 10 milliards de recettes nouvelle ;

-création d’une dotation pour l’autonomie des jeunes  qui garantira à chacun pendant cinq ans 800€ mensuels ;

La France, conservatoire des illusions marxistes

Bien sûr, l’offre politique s’est passablement améliorée en comparaison de la précédente présidentielle. Le réalisme économique et sécuritaire semble s’être enfin invité dans les débats et les programmes des candidats.

Mais tout de même, rares sont les pays qui comportent encore un tel vivier de politiciens prêts à s’attaquer aux libertés individuelles et à accroître les pouvoirs d’un Etat dont toutes les comparaisons internationales démontrent combien il est omniprésent et à l’origine même du puissant déclin social qui est le nôtre depuis une quarantaine d’années !

 

 

[1] A tel point que même le FN en 2017 arborait un programme économique assez proche de celui de Mélenchon. Au total, 10 candidats sur les 11 inscrits s’avéraient fondamentalement étatistes !

[2] Véritable outil de démocratie, le site de l’IFRAP met à jour un comparateur des programmes des candidats : Présidentielle 2022 – Comparateur de programmes | Fondation iFRAP

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