13 Juin 2012

Textes fondateurs du politiquement correct (4) : Karl MARX et Friedrich ENGELS

Si l’on en croit la haine des riches, le mépris de la réussite et  le ressentiment général qu’il dégage, le politiquement correct français a certainement payé un lourd tribut à la pensée marxiste. Ces traits saillants de la mentalité française, qui font d’ailleurs déclarer au philosophe allemand Peter Sloterdijk qu’en France « les riches sont en danger » (c’est quand même nouveau, en général on dit le contraire), semblent sortir tout droit des fondements du marxisme, dont on peut admirer les principales composantes dans ces quelques morceaux choisis :

 « Dans le développement des forces productives, il arrive un stade où naissent des forces productives et des moyens de circulation qui ne peuvent être que néfastes dans le cadre des apports existants et ne sont plus des forces productives, mais des forces destructrices (le machinisme et l’argent), et, fait lié au précédent, il naît une classe qui supporte toutes les charges de la société, sans jouir de ses avantages, qui est expulsée de la société et se trouve, de force, dans l’opposition la plus ouverte à toutes les autres classes…/… La révolution communiste par contre est dirigée contre le ‘mode’ d’activité antérieur, elle supprime le ‘travail’ et abolit la domination de toutes les classes en abolissant les classes » (L’idéologie allemande, Marx et Engels)

« Tous les mouvements historiques ont été, jusqu’ici, accomplis par des minorités ou au profit des minorités. Le mouvement prolétarien est le mouvement spontané de l’immense majorité au profit de l’immense majorité » (Manifeste du parti communiste, Marx et Engels).

Que nous indiquent ces extraits on ne peut plus explicites ? Les choses suivantes :

il existerait des classes sociales organisées, dont l’une est dominante et ne doit plus l’être : cette affirmation est de nature paranoïaque car elle postule que les classes ont conscience de leur existence, et qu’elles sont organisées et gérées comme si elles étaient des ensembles vivants et  homogènes qui interagissent comme tels. Par ailleurs, quand bien même ces classes auraient été de véritables organismes conscients de leur existence et de leur pouvoir, militer pour une révolution consistant à casser la domination de la plus forte (puisqu’elle domine) pour asseoir la domination de la plus faible (puisqu’elle est dominée) n’est rien d’autre que faire l’apologie de la guerre civile continuelle, en recommandant l’entropie (forcément sanglante) comme une fin en soi.  Enfin, quand bien même la situation se stabiliserait avec la domination du prolétariat, il faut alors se demander en quoi cette domination serait-elle meilleure que la précédente ? Et par quel miracle, cette domination serait-elle pérenne ? Car si le « prolétariat » devait « dominer » de façon naturelle, pourquoi ne l’aurait-il pas fait jusqu’à présent ? Et s’il avait une mission historique, pourquoi ne s’en serait-il toujours pas rendu compte ?

l’argent et le machinisme seraient abjects : ils sont d’ailleurs liés, l’argent étant l’étalon du machinisme. Pourtant, l’argent est apparu bien avant ce dernier. Retour au troc ? Suppression des machines ? Une telle posture est incroyablement naïve. Ceci étant dit, derrière cette haine de l’argent, n’y a t-il pas la détestation du surcroît de liberté qu’il confère aux acteurs économiques ?

on pourrait supprimer les différences entre les dominants et les dominés : la société sans classes exprime en filigrane la promesse d’une société égalitaire, uniquement peuplée de citoyens égaux, et donc dépourvue de citoyens inégaux, c’est à dire « différents », ni « meilleurs » ni « moins bons » que les autres. Il n’y a donc plus de réussite relative, ni de mérite, ni même de différences à la naissance… Cette incroyable promesse est digne d’une religion qui, du fait de sa détestation de l’humain, aurait décidé son « ré engineering » en niant ses inégalités innées (génotype) tout comme acquises (phénotype), puis en cautérisant, excusez du peu, ses tendances narcissiques, sa soif de connaissance, son besoin de reconnaissance, son ambition de dépasser ses semblables, tout ce qui fait finalement la différence entre les hommes et les animaux. Cela signifie tout simplement la fin de l’émulation, la mort de la motivation individuelle, et par conséquent rien moins que l’euthanasie du moteur du Progrès. La société doit tout à la liberté individuelle car celle-ci a permis l’expression de la créativité de chacun. Sans cette liberté, il n’y a plus de motivation, plus d’émulation, plus d’inventivité, plus de désir d’accumulation (du savoir comme du reste), et donc plus de progrès. Le marxisme est suicidaire.

Au vu des similitudes qui existent entre le politiquement correct français et les idées marxistes, on peut hélas craindre que la lecture de « l’Opium des intellectuels » de Raymond Aron soit un remède insuffisamment puissant pour désenvouter ceux qui ont été touchés par la foi…

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