14 Fév 2015

N’ayons pas peur des données économiques comparatives (2) !

Category: Société (pervertie)Léo @ 19 h 25 min

Selon les chiffres INSEE 2009, 70% des exportations françaises ont été écoulées en Europe. De  même que 69% des importations françaises en proviennent. De toute évidence, l’économie française est fortement tributaire de l’économie de nos voisins européens.

Ce qui veut dire qu’il n’existe pas de meilleur moyen, pour juger de l’efficacité de la politique des gouvernements français successifs, que de comparer les résultats de notre pays au reste de l’Europe. En effet, comment se prononcer en valeur absolue alors que nos économies sont imbriquée ? Comment se satisfaire de chiffres bruts alors que croissance et taux de chômage dépendent avant tout d’éléments exogènes tels que :

–       le taux de change (qui déterminent de façon significative les échanges entre pays de monnaies différentes)

–       la santé économique de nos principaux clients (celle de nos clients déteint forcément sur la notre, positivement ou négativement)

–       le cours des matières premières (surtout pour des pays importateurs nets comme le notre)

–       la stabilité politique

Il va sans dire que l’économie est vraiment la science des comparaisons. On se souvient tous encore de Lionel Jospin se targuant d’avoir relancé la croissance en France, lorsqu’il était premier ministre. Alors que la forte hausse du dollar avait réveillé l’ensemble des économies européennes, et que la France avait moins su profiter de cette aubaine que la moyenne de nos voisins ! Comparer la croissance de son mandat avec la croissance des années précédentes était certes un super coup de publicité. Mais cela ne résistait pas à une analyse comparée de la France et de son contexte européen et mondial.

Presque trois ans se sont écoulés depuis l’élection de François Hollande. Les premières comparaisons effectuées ici même en janvier 2014 sur le taux de chômage ne lui étaient pas favorables mais la brièveté de l’historique ne permettait pas de se prononcer de façon définitive. Qu’en est-il aujourd’hui ? Et pourquoi ne pas regarder du côté de la croissance et de la dette publique également ?

Taux de chômage comparé

Ainsi que le mentionne le graphique réactualisé ci-dessous (à partir des données Statistiques mondiales), l’écart positif qui avait été creusé par le Président sortant (en vert) a non seulement disparu, mais il est devenu négatif (en jaune) et a continué de s’accroître jusqu’à octobre 2014 (dernière donnée disponible). En près d’un an, l’UE est passée d’un taux de 10,7% (décembre 2013) à 10% (octobre 2014) tandis que la France, selon ces mêmes données, passait de 10,8% à 10,3%. Le différentiel négatif s’est donc accrut de 0,2 points pendant ces 10 derniers mois.

La tendance à la dégradation se confirme donc de façon tout à fait régulière : depuis le début de son mandat, François Hollande a détruit l’écart positif de son prédécesseur, puis a augmenté l’écart négatif. Au total, le recul relatif du gouvernement actuel se chiffre à presque 0,5 points.

 

 

Croissance économique comparée (erratum)

Le taux de croissance du Produit Intérieur Brut est une donnée tout aussi essentielle. Car ce taux ne peut pas se dégrader indéfiniment sans que le taux de chômage ne finisse à son tour par monter. Inversement, un taux de croissance élevé facilite la réduction du chômage : les entreprises produisent de plus en plus de biens et de services, et (sauf décalage total entre la demande et l’offre de main d’œuvre ou sauf nouvelles contraintes fiscales ou juridiques) embauchent plus.

Le graphique ci-dessous est basé sur les chiffres Statistiques mondiales à la fin 2014 (et corrigé d’une erreur précédente).

Ce graphique fait apparaître les constats suivants :

-Le mandat de J.Chirac s’est terminé sur un écart négatif de croissance

-Au-delà du changement ponctuel généré pendant la crise bancaire, le mandat de N.Sarkozy a supprimé cet écart négatif et a rétabli un léger écart positif, ce qui constitue une amélioration notable

-A l’inverse, le gouvernement actuel a détruit cet avantage puis accru le retard (en jaune)
CroissanceComparée

 

Ce graphique fait apparaitre les constats suivants :

-Le mandat de J.Chirac s’est terminé sur un écart négatif de croissance important

-Au-delà du changement ponctuel généré pendant la crise bancaire, le mandat de N.Sarkozy a réduit à zéro ce différentiel puis l’an transformé en écart positif

-Le gouvernement actuel a détruit cet avantage puis l’a transformé en un retard de croissance important

 

Dette en pourcentage du Produit Intérieur Brut

Après avoir comparé le taux de chômage et le taux de croissance, une troisième analyse permet de compléter le tableau : celle du taux d’endettement public* en pourcentage du PIB. Cette double comparaison est intéressante pour les raisons suivantes :

-la meilleure façon de juger du niveau d’une dette et de la ramener au PIB de l’année correspondante. Ainsi, lorsque la dette atteint par exemple 100% du PIB de l’année en cours, cela signifie que cette dette correspond à une année de production du pays. Cela mesure le niveau de dépenses relativement à la création de richesse de la même année.

-comparer la France et la zone euro en termes de niveau d’endettement permet de comparer le niveau de rigueur de chacun toutes choses étant égales parailleurs. Lorsque le contexte mondial l’exige (par exemple lors de la crise bancaire), le niveau d’endettement s’élève sur l’ensemble des pays et la comparaison tient compte de cet effet systémique. Lorsqu’un écart apparaît, il n’est donc imputable qu’au pays en question.

Sur le graphique ci-dessous (source INSEE pour la dette française et Union Européenne pour la zone euro), force est de constater que :

-avec N.Sarkozy, la France a perdu son avantage par rapport à la zone euro (couleur verte), sur la fin de son mandat

-sous F.Hollande, l’écart à peine positif s’est transformé en un écart négatif important qui selon les derniers chiffres disponibles (2014) s’est aggravé du fait de la poursuite de la courbe française et de l’amélioration de la dette européenne. On peut certes craindre que la tendance du début du gouvernement Hollande ne soit que la conséquence mécanique des mesures prises par son prédécesseur. Mais il semble très difficile d’expliquer de la même manière  l’aggravation importante qui apparaît fin 2014…

 

 

 

Conclusions

Même si l’économie ne peut se résumer à des analyses aussi simples que l’évolution du taux de chômage, de la croissance et de la dette publique entre la France et l’Europe (ou la zone euro), ces trois analyses permettent de se prononcer d’une manière autrement plus fiable que par le biais de jugements à l’emporte pièce tirés de chiffres en valeur absolue. Que disent ces comparaisons ?

Le bilan du gouvernement Hollande est terriblement mauvais :

-Terriblement mauvais parce qu’il combine des mesures désagréables et l’absence de résultats. Ce qui est particulièrement un comble, de la part d’une équipe gouvernementale, c’est d’avoir en effet fortement accru la pression fiscale tout en étant à la fois incapable :

  • de relancer la croissance
  • de diminuer le taux de chômage
  • d’empêcher l’endettement d’augmenter

Pour schématiser, selon ces angles de vue complémentaires, la France semble avoir été l’objet d’un trou noir financier considérable. Un trou noir qui a volatilisé les sommes gigantesques qui étaient censées nous aider à diminuer notre dette et au minimum notre taux de chômage. Il n’y a aucun domaine où le gouvernement actuel a obtenu le moindre résultat. La douleur engendrée par l’accroissement des impôts n’a laissé aucune trace positive.

Un tel ratage, de part son aspect systématique, constitue même un mystère. En effet, comment avoir réussi une telle gageure sans l’avoir fait exprès, c’est-à-dire en essayant d’obtenir l’effet contraire ?

-Terriblement mauvais parce qu’aucune réforme d’envergure n’a été engagée. Il semble même que le gouvernement se soit engouffré dans la spirale médiatique générée par les attentats à Charlie Hebdo et à l’Hyper Casher de Vincennes et qu’il ne pense plus qu’à cela. Il est à se demander si la nomination d’un Premier Ministre relativement libéral n’aura été qu’un gage apporté à la Communauté Européenne et aux marchés financiers.

Avec un premier ministre et un ministre de l’économie minoritaires voire marginalisés dans leur propre gouvernement, il y a de quoi s’inquiéter. Depuis les attentats, les média et l’opinion publique semblent avoir oublié la situation économique dans laquelle nous nous trouvons. Nous sommes au beau milieu d’un immense rideau de fumée.

Raison de plus pour ne laisser aucun répit à ce gouvernement particulièrement impuissant et inconséquent. Raison de plus pour rappeler la réalité des résultats économiques de notre beau pays.

Le Président attend que la croissance revienne d’elle même. Ne soyons pas dupes !

*Selon la Documentation française, la dette publique, est la dette de l’État, c’est-à-dire l’ensemble des emprunts contractés par l’État (exemple des obligations d’État ou des bons du Trésor), ainsi que celles des collectivités territoriales et des organismes de Sécurité sociale.

 

Laisser une réponse