22 Mai 2016

N’ayons pas peur des données économiques comparatives (3) !

Category: Société (pervertie)Léo @ 20 h 54 min

N’oublions jamais ceci : 70% des exportations françaises sont écoulées en Europe. De  même que 69% des importations françaises en proviennent (INSEE 2009). L’économie française est donc fortement tributaire de celle de nos voisins européens.

Ainsi, pour juger de l’efficacité de la politique des gouvernements français successifs, ne pas comparer les résultats de notre pays au reste de l’Europe serait une grossière erreur de jugement. Comment en effet se prononcer en valeur absolue alors que nos économies sont imbriquée ? Comment se satisfaire de chiffres bruts alors que croissance et taux de chômage dépendent avant tout :

  • de la santé économique de nos principaux clients : plus nos clients sont en forme et plus ils tirent notre économie,
  • des cours des matières premières (surtout pour des pays importateurs nets comme le notre),
  • du taux de change (qui déterminent de façon significative les échanges entre pays de monnaies différentes),
  • de la stabilité politique.

Il faut garder en mémoire Lionel Jospin se targuant d’avoir relancé la croissance en France, lorsqu’il était premier ministre. Alors que la forte hausse du dollar avait réveillé l’ensemble des économies européennes, et que la France avait moins su profiter de cette aubaine que la moyenne de nos voisins ! Comparer la croissance de son mandat avec la croissance des années précédentes était certes valorisant. Mais cela ne résistait pas à une analyse comparée de la France et de son contexte européen et mondial. La première comparaison, en valeur absolue, uniquement par rapport au passé, constituait une erreur méthodologique. A l’inverse, la seconde comparaison, en valeur relative, était réellement révélatrice de la réalité, parce qu’établie selon la formule consacrée « toutes choses étant égales par ailleurs ».

Quatre ans se sont écoulés depuis l’élection de François Hollande. Les premières comparaisons effectuées ici même en janvier 2014 sur le taux de chômage ne lui étaient pas favorables mais la brièveté de l’historique ne permettait pas de se prononcer de façon définitive. La mise à jour de ces données début 2015 confirmait l’échec du gouvernement socialiste sur ce point. La comparaison effectuée en matière de croissance et de dette publique était également défavorable. Qu’en est-il aujourd’hui, avec les données mises à jour fin 2015 ?

Taux de chômage comparé

Ainsi que le mentionne le graphique ci-dessous, l’écart positif qui avait été généré par N.Sarkozy (en vert) a non seulement disparu, mais il est devenu négatif (en jaune) et a continué de s’accroître jusqu’à août 2015 (dernière donnée disponible source Statistiques Mondiales). Il s’est encore détérioré jusqu’à décembre 2015 (chiffres Eurostat) avec un taux de chômage français à 10,2% contre seulement 9,0% en Europe (UE 26). Le différentiel négatif s’est donc considérablement accru depuis le gouvernement Hollande et ne s’améliore toujours pas.

Chômage

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Croissance économique comparée (erratum)

Le taux de croissance du Produit Intérieur Brut est une donnée tout aussi essentielle. Car ce taux ne peut pas se dégrader indéfiniment sans que le taux de chômage ne finisse à son tour par monter. Inversement, un taux de croissance élevé facilite la réduction du chômage : les entreprises produisent de plus en plus de biens et de services, et (sauf décalage total entre la demande et l’offre de main d’œuvre ou sauf nouvelles contraintes fiscales ou juridiques) embauchent plus.

Le graphique ci-dessous est basé sur les chiffres Statistiques mondiales à la fin 2015. Ce graphique fait apparaitre les constats suivants :

-Le mandat de J.Chirac s’est terminé sur un écart négatif de croissance

-Au-delà du changement ponctuel généré pendant la crise bancaire, le mandat de N.Sarkozy a supprimé cet écart négatif et a rétabli un léger écart positif (en vert), ce qui constitue une amélioration significative.

-A l’inverse, le gouvernement actuel a détruit cet avantage puis a accru le retard (en jaune). Ce retard a atteint son maximum en 2014 et s’est légèrement réduit depuis. Mais il reste conséquent, avec une croissance annuelle de l’UE26 à +1,8% contre +1,1% dans l’hexagone à la fin 2015. Ainsi, depuis 2013, en matière de progression du PIB, la France accuse un retard important par rapport à l’Union Européenne.

CroissanceComparée

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dette en pourcentage du Produit Intérieur Brut

Après avoir comparé le taux de chômage et le taux de croissance, une troisième analyse permet de compléter le tableau : celle du taux d’endettement public* en pourcentage du PIB. Comme chacun sait, lorsque le niveau de la dette devient trop important, il impose au gouvernement un coût qui limite considérablement ses marges de manœuvres et qui se répercute sur les agents économiques. Cette double comparaison est intéressante pour les raisons suivantes :

-une très bonne façon de juger du niveau d’une dette et de la ramener au PIB de l’année correspondante. Ainsi, lorsque la dette atteint par exemple 100% du PIB de l’année en cours, cela signifie que cette dette nécessite une année de production du pays pour la rembourser.

-comparer la France et la zone euro en termes de niveau d’endettement permet de comparer le niveau de rigueur ou de laxisme de chacun toutes choses étant égales par ailleurs. Lorsque le contexte mondial l’exige (par exemple lors de la crise bancaire), le niveau d’endettement s’élève sur l’ensemble des pays et la comparaison tient compte de cet effet systémique. Par contre, quand un écart apparaît sur un pays par rapport au reste, cet écart lui est imputable.

Sur le graphique ci-dessous (source INSEE pour la dette française et Union Européenne pour la zone euro), force est de constater que :

-avec N.Sarkozy, la France a perdu son avantage par rapport à la zone euro (couleur verte), sur la fin de son mandat, la dette de l’hexagone s’est accru plus vite.

-sous F.Hollande, l’écart à peine positif s’est transformé en un écart négatif important qui s’est aggravé à partir de la fin 2014 du fait de la poursuite de la courbe française et de l’amélioration de la dette européenne. Tandis que la dette de la zone euro diminue nettement (en pourcentage du PIB) depuis fin 2012, la France n’est toujours pas parvenue à maîtriser son augmentation. Tout au plus réussit-elle à en ralentir la progression dans un contexte pourtant favorable à sa réduction. Actuellement, elle représente 95,7% du PIB, celle de la zone euro étant revenue à 91,6%.

Dette

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Conclusions

L’évolution comparée du taux de chômage, de la croissance et de la dette publique de la France et de l’Europe (ou de la zone euro pour ce dernier indicateur) permet de se prononcer d’une manière autrement plus fiable que par le biais de jugements à l’emporte pièce tirés de chiffres en valeur absolue. Or, ces comparaisons démontrent maintenant de façon formelle, parce que continue, le décrochage français. Du fait que ces comparaisons intègrent les données de l’environnement économique direct de notre pays, elles confirment la cause de ce décrochage. Celui-ci ne peut être imputable qu’à la politique du gouvernement actuel.

Le Gouvernement Hollande, un bilan très mauvais sur tous les plans :

-Très mauvais parce qu’il combine hausses d’impôts et absence de résultats. Ce qui est particulièrement un comble, de la part d’une équipe gouvernementale, c’est d’avoir en effet fortement accru la pression fiscale tout en étant à la fois incapable :

  • de relancer la croissance
  • de diminuer le taux de chômage
  • d’empêcher l’endettement d’augmenter !

Le tant décrié gouvernement N.Sarkozy avait certes gonflé la dette de l’Etat, mais au moins l’avait-il fait à bon escient. Cet endettement s’était opéré au bénéfice de la croissance et du taux de chômage (puisque ces indicateurs avaient évolué plus favorablement que chez nos voisins européens).  A l’inverse, depuis l’arrivée de F.Hollande au pouvoir, la France semble avoir été victime d’un trou noir financier considérable. Un trou noir qui a volatilisé les sommes gigantesques qui étaient censées nous aider à diminuer notre dette ou au minimum notre taux de chômage. Il n’y a hélas aucun domaine où le gouvernement actuel a obtenu le moindre résultat. Les contraintes engendrées par l’accroissement des impôts n’ont servi strictement à rien. Un tel ratage, de part son aspect systématique, constitue même un mystère. Comment avoir réussi une telle gageure sans l’avoir fait exprès, c’est-à-dire en essayant d’obtenir l’effet contraire ? Plusieurs hypothèses, qui hélas ne s’excluent aucunement l’une l’autre, sont régulièrement avancées. D’une part, la pression fiscale est allée au-delà de l’effet positif : ainsi que l’a démontré Laffer, il arrive un moment où la contrainte fait fuir les agents économiques les plus capables et dissuade la prise de risque et l’investissement, et ce de façon d’autant plus violente dans les contextes économiques difficiles. D’autre part, l’argent récolté a été alloué de façon inefficiente, pour des recrutements de fonctionnaires et des aides sans retour. Les mauvaises langues diront que ce sont des dépenses de confort, dont la seule fonction est de permettre au gouvernement de durer…

-Très mauvais parce qu’aucune réforme d’envergure n’a été engagée pendant ces quatre années socialistes. Il semble d’ailleurs que le gouvernement se soit tout d’abord caché derrière le rideau de fumée sécuritaire pour finir par se noyer dans la réforme (pourtant très édulcorée) du droit du travail et les blocages qu’elle a générés. Il est à se demander si la nomination d’un Premier Ministre et d’un Ministre de l’Economie « relativement libéraux » n’aura été qu’un trompe l’œil à l’usage de l’UE et des marchés financiers. N’est-il pas troublant de voir un premier ministre et un ministre de l’économie minoritaires voire marginalisés dans leur propre gouvernement ?

Pendant combien de temps encore l’hexagone va-t-il reculer par rapport à ses voisins, dans une économie européenne qui a repris des couleurs depuis maintenant près de trois ans ? Jusqu’aux présidentielles de 2017 ?

 

 

*Selon la Documentation française, la dette publique est la dette de l’État, c’est-à-dire l’ensemble des emprunts contractés par l’État (exemple des obligations d’État ou des bons du Trésor), ainsi que celles des collectivités territoriales et des organismes de Sécurité sociale.

 

3 Réponses à “N’ayons pas peur des données économiques comparatives (3) !”

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