16 Avr 2019

Incendie de Notre Dame de Paris, un 11/09 de la chrétienté ?

Category: Société (pervertie)Léo @ 11 h 48 min

De part l’importance touristique, architecturale, historique et religieuse de Notre Dame de Paris, son incendie constitue un évènement très hautement symbolique. Dans un contexte marqué par des actes de vandalisme réguliers contre les monuments représentant la culture chrétienne sur notre territoire, cette brûlure géante au cœur même de la francité devrait servir de déclencheur et mettre fin à l’actuelle omerta de rigueur. Qu’elle soit d’origine purement accidentelle ou pas, cette destruction partielle de la cathédrale risque en effet de cristalliser les rancœurs accumulées depuis quelques années face à ce qu’il faut bien nommer le silence de l’univers politico-médiatique.

Ainsi, au-delà des ravages occasionnés, et de la tristesse que cela déclenche, cet incendie possède toutes les chances de fonctionner comme un électrochoc, à l’instar d’une espèce de « 11 septembre »[1]. Il y a eu un avant cet incendie et il y aura un après. La période qui va suivre ne sera plus tout à fait la même. Médias et hommes politiques devront composer avec cette atteinte quasi totémique. Ils ne pourront plus nier le malaise que ressentent de nombreux Français, aux premiers desquels bien évidemment les croyants, mais pas seulement.

Cachez-donc ces actes de vandalisme que nous ne saurions voir

Alors que ces agressions ne font pas le buzz en France, on découvre sur le site « Vatican news » l’existence d’une incroyable recrudescence début 2019 : « L’église Saint-Nicolas à Houilles, le 4 février; la cathédrale Saint-Alain à Lavaur, le 5 février; l’église Notre-Dame des enfants à Nîmes, le 6 février; l’église Notre-Dame à Dijon, le 9 février; l’église Saint-Nicolas à Maisons-Laffitte, le 10 février… C’est une véritable série noire qui a touché l’Église de France la semaine dernière. À chaque fois, les actes de vandalisme et de profanation commis sont aussi graves qu’abjects: hosties consacrées répandues à terre, statues pulvérisées, tabernacles éventrés »…

Quelques jours plus tard, le dimanche 17 mars plus exactement, l’église Saint Sulpice à Paris a subit à son tour une dégradation : « Pour la police, plus de doute possible : les flammes qui ont endommagé l’entrée de l’église Saint-Sulpice (VIe) dimanche après-midi n’ont rien d’accidentel…/… L’origine du sinistre est, selon les premières conclusions du laboratoire central de la préfecture de police, « humaine » et « délibérée » rapporte le maire du VIe Jean-Pierre Lecoq » (Le Parisien 18/03/19).

Toujours sur Vatican news, on apprend avec étonnement que : « Selon les chiffres 2017 du ministère de l’Intérieur, l’Église catholique et les Églises chrétiennes détiennent le record d’atteintes aux lieux de culte: 878 sur les 978 actes recensés, soit une moyenne de deux par jour ». Réfuter l’existence d’un vrai problème s’apparente donc aujourd’hui à du déni pur et simple.

 

Agir, sinon favoriser le retour du religieux

Sur les réseaux sociaux, le déferlement de posts à résonance chrétienne est un phénomène récent. L’historien et sociologue des religions Philippe Portier déclarait déjà il y a presque trois ans ceci: « On ne parlait presque plus des racines chrétiennes depuis les années 60. Une série de sondages montre le retour en force de cette thématique » (Libération 28/07/16). Ce qui frappe sur Facebook entre autres, c’est le fait que même des athées et des non pratiquants ressentent ces coups de boutoirs contre notre culture chrétienne. Ils les perçoivent comme une atteinte à la culture de notre pays. Impossible de donner tort à Elisabeth Levy[2] lorsqu’elle déclare, semaine dernière, que les cathos « ne peuvent pas être en même temps une minorité parmi d’autres. Le catholicisme n’est pas seulement une religion, il est notre terreau culturel » (Causeur 12/04/19).

Pourquoi ce mutisme médiatique, ce dédain politique, voire même cette pudeur de la hiérarchie catholique elle-même ? Certes, au vu du politiquement correct actuel, la chrétienté n’est plus en odeur de  sainteté. Il ne fait pas bon de l’exhiber, encore moins de la défendre. On la considère comme ultra-dominante. Au mieux, on la néglige car elle fait partie des meubles. Et pourtant, le désir quasi idéologique d’accueillir, ou de faire semblant d’accueillir[3] les migrants, tout comme celui tout aussi idéologique de ne pas vouloir stigmatiser les difficultés d’insertion des secondes ou troisièmes générations de musulmans ne réglera pas les problèmes qui se posent. Comme toujours, le déni permet de gagner du temps, mais ne résout rien du tout. Au contraire, il ne fait qu’offusquer les victimes des injustices qu’il perpétue. La frustration de celles-ci s’accumule, ce qui, en réaction, fait lentement mais sûrement le lit du retour du religieux. Avec tous les risques de conflit que cela  implique…

Gageons qu’après toute l’horreur de la destruction partielle de Notre Dame de Paris, ce qui représente le surmoi[4] de l’hexagone sera un peu plus courageux pour nommer la réalité et lui faire face avec des actes.

[1] Toutes proportions gardées, sur le plan symbolique et émotionnel seulement

[2] N’étant d’ailleurs pas de religion catholique, Elisabeth Levy peut être difficilement taxée de  prosélytisme

[3] Le gouvernement n’a pas les moyens pour intégrer décemment les migrants. De toute façon, le délabrement de l’économie du pays ne le permet pas

[4] Selon Freud, les sociétés ont l’équivalent d’un surmoi : le  droit, les règles, les institutions qui les décrètent et les font respecter (dans « Malaise dans la culture »). On pourrait donc y inclure la classe politique et les  médias.

Laisser une réponse