04 Juil 2020

Remaniement de façade et continuité socialiste

Category: Grandes énigmes socialistes,Leaders (politicards)Léo @ 15 h 46 min

La nomination de Jean Castex au poste de premier ministre répond à une logique toute politique. Il s’agit non pas de lancer les réformes libérales nécessaires mais de gérer la continuité, sauver les apparences d’un quinquennat plus que médiocre tout en divisant un peu plus, cerise sur le gâteau, la carte politique.

Un énarque chasse l’autre

Remplacer un énarque par un autre énarque jette le doute sur la sincérité du président lorsqu’il envisageait de supprimer cette école du pouvoir. Véritable fabrique de hauts fonctionnaires dont le profil truste les postes gouvernementaux, cette institution administre depuis presque cinquante ans[1] le lent mais puissant déclin économique de l’hexagone.

Quels que soient les mérites personnels de Jean Castex, ancien maire de Prades puis secrétaire général adjoint de la présidence de la République, conseiller régional du Languedoc-Roussillon, conseiller départemental des Pyrénées-Orientales, récemment chargé du déconfinement, son profil en dit long sur les motivations d’Emmanuel Macron.

Loin de recruter une personnalité de la société civile ayant à son actif le sauvetage d’une importante entreprise publique (par exemple), le président a choisi un haut fonctionnaire, un profil politico-administratif en quelque sorte.

N’oublions jamais ceci : strictement rien ne justifie de donner les clés d’un pays en voie de désindustrialisation et en proie à des émeutes sociales régulières à des personnalités dont on sait très bien qu’elles n’ont jamais fait leurs preuves dans le monde ô combien concurrentiel et challengeant des entreprises.

Pour le président, il ne s’agit donc surtout pas de lancer les réformes libérales nécessaires pour enrayer notre déclin socio-économique, mais de gérer la continuité, sauver les apparences d’un quinquennat plus que médiocre, et, cerise sur le gâteau, d’en profiter pour embrouiller un peu plus la carte politique.

Gérer la continuité : l’Etat au service de lui-même !

La façon dont le grand débat a été préempté par l’Elysée puis a accouché de décisions qui n’ont strictement rien à voir avec les récriminations des Gilets jaunes et les causes de l’appauvrissement du pays, apporte la preuve indiscutable que l’Etat n’en fait qu’à sa tête. Il en a été de même pour les baisses d’impôts promises, pour la pseudo-réforme de la SNCF et pour la gestion très paradoxale de la pandémie.

Le gouvernement affiche un certain nombre d’actions mais celles-ci sont purement destinées à tromper le peuple sur ses intentions. En réalité, les seuls chantiers qui ont vraiment avancé n’ont qu’un unique point commun, celui d’avoir soulevé l’intérêt du président : la limitation à 80km/h[2], le prélèvement des impôts à la source, la Convention citoyenne pour le climat.

Pendant ce temps, sans surprise, le train de vie de l’Etat continuer d’enfler, tout comme la dette. Car, bien évidemment, aucune réforme destinée à optimiser ses ressources, à améliorer les services publics tout en en diminuant leurs coûts pour la collectivité n’a été entreprise !

Sauver les apparences d’un quinquennat plus que médiocre

A l’exception de la réformette du code du travail et du prélèvement à la source, ce quinquennat n’aura été qu’une longue litanie d’échecs et d’émeutes sociales. Les manifestations des gilets jaunes ont battu des records de longévité, de coûts et de violence, déclenchant même sur ce dernier point les réactions indignées d’Amnesty international et du Conseil de l’Europe ! Le blocage du pays pour cause de pseudo-réforme de la SNCF puis de réforme des retraites aura méchamment plombé les comptes déjà mal en point de la Nation. Quant à la gestion de la pandémie, elle se sera illustrée par une inexplicable absence de prévention, par des mensonges qui ont déclenché une cascade de procédures judiciaires, par un pourcentage de décès parmi les plus élevés de la planète et pour finir, par un empressement paradoxal pour le chômage partiel qui aura cloué l’économie avec probablement la plus forte récession d’Europe !

Sans surprise, et avant même l’impact de lincurie pandémique, les principaux indicateurs économiques (chômage, croissance et dette) sont systématiquement moins bons que chez nos voisins européens, ceci malgré la poursuite de la hausse des prélèvements obligatoires[3] ! Ainsi, dans la triste lignée de François Hollande, le gouvernement d’Emmanuel Macron se comporte comme une espèce d’immense trou noir qui engloutit des sommes faramineuses sans en tirer quoi que ce soit de bénéfique pour le pays.

Or, loin de prendre le taureau par les cornes et de changer complètement de paradigme, le président rénove simplement l’image du gouvernement en remplaçant son premier ministre par un profil similaire. Tel un fabricant de lessives qui rafraîchit l’intérêt de sa clientèle en modifiant ses packagings et sa communication, le président créée l’évènement et fait diversion auprès des citoyens sans rien changer sur le fond.

Embrouiller pour régner

A l’instar d’Edouard Philippe, qui certes n’avait de droite que le nom, son remplaçant provient de LR. A la différence du premier, proche d’Alain Juppé, chiraquien de toujours, c’est-à-dire socialiste de cœur, Jean Castex est considéré comme proche de Nicolas Sarkozy. Ceci étant dit, ce dernier aura été un président réformateur pendant les premiers mois de son mandat pour très vite se laisser ensuite annihiler par les penchants socialistes dominants : keynésianisme et recours à la dette.

Finalement, d’une pierre deux coups : tout en recrutant de vrais socialistes comme lui (Edouard Philippe puis son remplaçant), le président brouille les cartes en donnant l’illusion d’un gouvernement d’ouverture et de consensus, gouvernement, qui bien évidemment, ne panache que les étiquettes.

Ainsi avons-nous l’assurance que le quinquennat d’Emmanuel Macron se terminera selon les mêmes standards étatiques que ceux qui ont prévalu jusqu’à présent. Ainsi avons-nous l’assurance que le pays ne perdra pas seulement trois ans, mais cinq au total.

 

[1] De l’avis de nombreux économistes, le déclin a commencé dans les années 70, au moment du choc pétrolier, il y a donc près de 50 ans (par contre l’école a été créée en 1945).

[2] Devant le soulèvement populaire, le gouvernement n’a même pas eu l’honnêteté de supprimer clairement cette mesure. Il s’est défaussé sur les régions, dans un flou total, ce qui laisse la situation pratiquement inchangée si ce n’est plus compliquée pour les automobilistes

[3] La suppression de l’ISF est une très bonne mesure sauf qu’elle semble avoir été financée par les hausses sur les autres catégories ! Dans la mesure où les prélèvements obligatoires continuent d’augmenter, il est impossible de gratifier le gouvernement d’une baisse de la pression fiscale. Quant aux entreprises, rien n’a vraiment changé selon la présidente de l’IFRAP, chaque baisse étant « avalée » par une hausse !

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