11 Mar 2021

Hollande, prêt à récidiver au sommet de l’Etat ?

Category: Grandes énigmes socialistes,Leaders (politicards)Léo @ 18 h 18 min

Perseverare diabolicum est !

« Mon grand regret, c’est de ne pas m’être représenté » a osé déclarer sans rire François Hollande ce lundi 8 mars dans le tchat vidéo sur internet de Samuel Etienne, se référant bien évidemment au bilan de son successeur (Le Point 9/03/21). Certes, celui-ci n’est pas fantastique. Mais peut-on imaginer qu’Hollande puisse espérer faire significativement mieux que Macron, après les dégâts qu’il a lui-même causés pendant les cinq années qui ont précédé ?

Cette déclaration rappelle combien une démocratie peut s’avérer fragile. En effet, soit l’ancien président n’est pas conscient des résultats de sa politique, de ses propres limites, et se tient prêt à récidiver. Soit il est conscient mais considère la majorité des électeurs comme incapable de s’en rendre compte, et tente d’en profiter pour revenir au pouvoir.

Avant d’évaluer la plausibilité de chacune de ces deux hypothèses, voici l’indispensable rappel du bilan de l’ex-président socialiste, bilan que tout citoyen lucide ne doit surtout pas oublier.

Un bilan historiquement mauvais

Rarement un président n’aura bénéficié d’une période aussi porteuse. La date d’installation d’Hollande à l’Elysée coïncide avec la fin de la crise bancaire. Comme toutes les crises, celle-ci (considérée comme la plus grave depuis 29) a été suivie d’une période de recovery particulièrement robuste.

Or, en augmentant fortement les impôts au plus mauvais moment (entre autres bévues), le gouvernement Hollande a commis une grave erreur contra-cyclique. Une erreur qui a empêché la France de profiter de ce rebond, et qui a même aggravé sa situation ! En termes comparatifs, car tout le monde sait qu’on ne peut juger d’une politique économique qu’en fonction du contexte, les dégâts sont tout simplement considérables.

Les tableaux ci-dessous permettent un aperçu rapide de la détérioration de la situation française sur la période de son quinquennat:

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Comment un gouvernement a-t-il pu se débrouiller pour augmenter fortement les impôts sans même éviter des résultats aussi négatifs tout en accroissant la dette en même temps ? Avec Hollande, la France semble avoir été vandalisée, comme victime d’un trou noir qui a volatilisé les sommes gigantesques censées nous aider. Tout cela, faut-il le rappeler, dans une période de forte reprise économique mondiale.

A l’heure où les médias se régalaient de l’affaire Julie Gayet, dans l’un de ses éditoriaux, un journaliste de la chaîne américaine CNN avait comparé Hollande à « un Berlusconi sans les compétences ». Bien qu’assez drôle, ce parallèle n’est absolument pas fortuit. La question reste toutefois de savoir si l’intéressé a conscience de ses limites, ou pas. Car sa récente tentative de renommer et donc de relancer le PS, tout comme sa déclaration de ce lundi laissent craindre que l’homme politique n’a toujours pas remisé ses ambitions.

Un bilan dont l’auteur ne soupçonne pas la gravité ?

Un peu avant la fin de son mandat, dans l’une des premières interviewes où il tente de justifier son bilan, Hollande avait avancé de meilleurs résultats que son prédécesseur Sarkozy sur le plan du chômage. Sauf que les chiffres qu’il citait n’étaient pas comparables. Etait-ce intentionnel ou pas ? Quoi qu’il en soit, l’oubli d’une partie des catégories de chômeurs parmi les A, B et C lui permettait de faire croire à un léger mieux, ce qui n’était pas du tout le cas.

En juin 2018, à la maison de la Chimie, l’ex-président a tenté un bilan plus détaillé dont il tire la conclusion suivante : « Si je revendique avec fierté ce que j’ai fait, même si je reconnais aussi des erreurs, la fierté la plus grande, c’est quand on me dit que j’ai présidé humainement » (Europe1 8/06/18). Cette déclaration pourrait laisser penser que l’ancien président est conscient de ses résultats désastreux et qu’il a choisi de se retrancher derrière la beauté supposée de ses intentions.

Cela paraît très habile de la part d’un socialiste qui ne peut bien évidemment pas avouer qu’il a mené une politique socialiste de redistribution et que celle-ci n’a pas fonctionné. Cela revient à regretter, mais sans le dire, ce qui est très fort, que de prendre aux riches et de dépenser n’importe comment n’a pas obtenu l’effet escompté. Avec en prime l’énorme avantage de maintenir intacte la foi socialiste de l’électorat de gauche.

Un président qui profite de l’ignorance d’une partie des électeurs ?

Plus inquiétantes sont les déclarations récentes d’Hollande concernant sa volonté de rebaptiser le PS. Loin de proposer un aggiornamento, ce qui n’aurait été que 62 ans après le Bad Godesberg allemand (excusez du peu), l’ex-président suggère un banal rebranding du parti avec pour ligne conductrice, pour ne pas dire stratégie, cet aveu même pas déguisé : « le PS doit miser sur les électeurs déçus par [le] mandat [de Macron] » (L’Obs 25/11/20).

Une ambition aussi triviale, un programme d’une aussi courte vue, tout cela fait froid dans le dos. L’hexagone est en proie à une crise industrielle, sociale et culturelle grave, générant chômage, précarité, violence. Or, pour Hollande, il s’agit simplement de capitaliser sur les échecs de son successeur afin de lui ravir la place. Difficile de ne pas entrevoir, dans l’absence de programme politique de quelqu’un qui semble vouloir revenir au pouvoir, un manque total de considération pour l’état réel de son pays.

Ce genre de désintérêt milite assez clairement pour la seconde hypothèse, cynique, d’une personne qui n’a de la politique non pas une vision noble et généreuse, au service de l’intérêt général, mais préemptée par la conquête des avantages de la fonction présidentielle. Si tel est le cas, la perception de sa propre incompétence n’a donc aucune espèce d’importance.

A l’électeur de rester vigilant. Compte tenu de la situation du pays, il sera tout de même facile de juger de la sincérité des candidats. Il existe en effet deux indicateurs qui ne trompent pas. Le premier sera l’absence de promesses faciles telles que redistribuer l’argent des riches ou s’endetter sur le dos des pays européens mieux gérés. Le second se lira dans le détail opérationnel d’un programme de rétablissement de notre équilibre économique et sociétal. Notre désindustrialisation, notre décrochage international et la crise de nos valeurs sont trop graves. Impossible, pour un candidat honnête, de ne pas construire son projet là-dessus.

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