11 Juin 2021

Les restaurateurs parisiens sous le joug municipal  

Category: Non classéLéo @ 11 h 46 min

Victimes iconiques des confinements brutaux qui ont touché le pays, les restaurateurs ont subi les humeurs d’un gouvernement qui les a successivement et à plusieurs reprises interdits d’exercer puis autorisés à recevoir des clients à l’extérieur. Mais à Paris, avant même qu’ils puissent se remettre d’aplomb, une mesure en forme de couperet administratif vient de leur tomber dessus.

D’abord le cataclysme gouvernemental

Après un premier confinement d’une rigidité absolue, le gouvernement avait accepté en juin 2020 l’installation de terrasses sur les trottoirs et les parkings. La mesure avait été perçue comme une véritable bouffée d’oxygène mais les dégâts s’avéraient déjà considérables. Faute d’avoir exigé des restaurants l’application de règles strictes en matière d’espacement des tables et de taux d’occupation, un peu comme cela se fait dans les cinémas, le secteur a subi un arrêt total de son activité.

Le gouvernement aurait également pu accepter ces terrasses bien plus tôt pour atténuer le choc. Sans compter la décision absurde de fermer un maximum de restaurants de routiers, ceci au point d’entraver pendant un moment le secteur pourtant vital de l’approvisionnement de la population.

Bien sûr, à court terme, le paquet d’aides gouvernementales a permis d’atténuer la déflagration. Mais il n’aura aidé ni le secteur à s’assainir, ni les plus armés des artisans à conserver une activité digne de ce nom. Loin d’être basée sur la liberté individuelle et la confiance dans les acteurs économiques, la réaction gouvernementale a été au contraire uniforme et sans la moindre nuance.

Selon un économiste d’IHS Markit, « c’est dans le secteur des services que la baisse de l’activité a été la la plus sévère, les entreprises de l’hôtellerie et de la restauration ayant été particulièrement touchées » (Capital 3/12/20). De leur côté, Gault & Millau et l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie estiment que respectivement 25% et 40% des bars et restaurants se trouvent en situation de quasi faillite (La Tribune 29/04/21).

Préférer mettre au tapis l’économie du secteur, quoi qu’il en coûte en aide qui seront forcément payées par les contribuables par la suite, plutôt que d’élaborer des règles d’activité de restauration réduite et de les imposer en pariant sur la capacité des acteurs à s’adapter, tel a été la décision du gouvernement Macron. Une décision dont le seul avantage revient bien évidemment à ce dernier, dont on sent très bien que l’élaboration de protocoles sanitaires adaptés à une profession et de leurs contrôles effectifs sur le terrain ne sont pas la tasse de thé. Il aurait fallu un minimum d’empathie ainsi qu’un brin de réactivité et de compétences opérationnelles, ce qui n’est pas spécialement l’apanage de notre si haute fonction publique.

Ensuite le coup de grâce municipal

Tandis que le secteur s’apprête à retrouver quelques couleurs ce mois-ci, pour ce qu’il en restera des vrais survivants, la mairie socialiste de Paris vient de sortir une botte imparable : les terrasses désormais renommés « estivales » seront payantes pour les restaurateurs et les bars à partir du 30 septembre ! Réflexe courtelinesque supplémentaire, leur utilisation sera même réglementée, puisqu’elles ne seront autorisées que du 1er avril au 30 octobre chaque année (Les Echos 7/06/21).

Cet acharnement municipal après celui du gouvernement ressemble à un coup de poignard. Comment une municipalité peut-elle oser concocter aussi rapidement ce type de mesure pour un secteur à ce point massacré ? Pourquoi ne pas avoir donné du temps à ces artisans afin qu’ils se refassent une santé ?

Sans surprise, les restaurateurs, que la mairie de Paris affirme avoir pourtant largement consultés, demandent un moratoire. Le directeur de l’UMIH, syndicat des professionnels de l’Ile de France, souhaite la prolongation de la gratuité des terrasses éphémères jusqu’à la fin de 2021 : « Les professionnels de la restauration sont encore trop fragiles », explique-t-il (La Revue des comptoirs, 27/04/21). Certes, les négociations ne sont pas terminées. Mais elles ne devraient plus porter que sur le prix des loyers. Le cadre semble bel et bien définitivement posé…

Les socialistes et l’impensé de la création de richesses

Cette mesure injuste et déplacée, qui sera vraisemblablement imposée sans la moindre pitié aux restaurateurs parisiens, fournit une nouvelle illustration de cette fameuse incompréhension socialiste face aux mécanismes économiques. Aux antipodes de la liberté d’entreprendre et de la possibilité de s’enrichir pour chaque citoyen qui en a le talent et la volonté, les instances socialistes, qu’elles soient municipales ou gouvernementales, considèrent ce dernier comme une source de ses propres financements.

Que ce soit clair : la destinée de tout Français n’est bien évidemment pas de jouir de son indépendance et de s’enrichir comme bon lui semble, mais tout au contraire de parfaitement jouer son rôle de contribuable. C’est tout ce que le pouvoir socialiste attend de lui. Dans la culture économique socialiste, culture terriblement rudimentaire s’il en est, les richesses d’un pays se trouvent dans la poche de ceux qui les possèdent. Sans voir plus loin que ce constat d’une terrible myopie, la richesse est un gâteau dans lequel on doit puiser jusqu’à plus soif.

Vouloir expliquer à un socialiste ce fameux processus de création de richesses et la non durabilité de ces dites richesses va à l’encontre d’un atavisme idéologique aussi solide que du béton. Il ne faut surtout pas rêver : nous sommes au service du pouvoir politique. Notre rôle est de lui fournir les moyens financiers de son développement compulsif. Nous sommes en France.

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