29 Juil 2021

Petite radiographie critique des candidats potentiels de la droite républicaine

Category: Leaders (politicards),Partis (politicards)Léo @ 12 h 09 min

Au sein de la droite républicaine, plusieurs candidats à la présidentielle n’incarnent rien d’autre que leur image personnelle. Une image construite autour d’un visage et des propos rassurants mais derrière laquelle il est bien difficile d’imaginer un programme politique.

A cette étonnante absence s’ajoutent leurs virements de bord à répétition qui sont, pour tout électeur lucide, la signature de leur opportunisme. Loin d’être mus par le désir de sortir le pays de l’ornière dans laquelle il se trouve[1], ces candidats sont essentiellement motivés par leur élection.

Aux antipodes de ce profil, d’autres candidats se font heureusement une bien plus haute idée de la politique. Ils annoncent leur projet, leur vision, voire même les efforts qu’il faudra consentir pour atteindre les objectifs que nous impose le dramatique contexte économique et social qui est le nôtre. Eux aussi tentent de séduire, penser le contraire serait une erreur. Mais ils le font cartes sur table.

Infantilisation contre discours adulte

Les premiers de ces candidats s’adressent principalement aux affects, aux instincts. Sans doute parce qu’ils font l’hypothèse que les électeurs sont comme des enfants, primaires et émotifs, incapables de raisonner au-delà de ce qu’ils voient avec leurs yeux et ressentent avec leur tripes.

A l’inverse, les seconds font le pari de leur maturité. Ils les respectent et les traitent en adultes capables de s’affranchir de la satisfaction immédiate de leur intérêt personnel. S’ils prennent ainsi le risque de déplaire, c’est tout simplement parce qu’ils sont transparents. En réalité, ils jouent ni plus ni moins le jeu de la démocratie, ce système politique dont on sait combien il fonctionne d’autant moins bien que le peuple souffre de sous information, de désinformation voire de sous-instruction.

La campagne pour la présidentielle a démarré tambour battant. N’est-il pas d’utilité publique de classifier ces candidats, qu’ils soient d’ailleurs encartés ou simplement satellites des Républicains, selon ces deux catégories ?  Dont acte :

Le groupe des Pécresse, Bertrand et Baroin

Valérie Pécresse et Xavier Bertrand affichent de nombreux points communs. A l’approche de la présidentielle 2017, Pécresse a quitté l’équipe de François Fillon pour rejoindre Alain Juppé juste avant l’écrasante victoire du premier sur le second lors de la Primaire de la droite et du centre. Aussitôt Fillon victorieux, elle est naturellement revenue vers lui. Au-delà ce qui lui a valu à l’époque le surnom de « Valérie Traîtresse », elle aura fait la démonstration de son :

  • absence de vista : même si la victoire de Fillon à la primaire était une surprise, il existait plusieurs signes précurseurs d’un mouvement de fond, en particulier sur les réseaux sociaux et dans les quelques médias français encore libres ;
  • absence d’attachement aux idées : abandonner le porteur d’un programme de réformes libérales taillé sur mesure pour combattre notre déclin afin de rejoindre un chiraquien parfaitement soluble dans la doxa socialiste montre à quel point les idées et le projet ne sont pas essentiels à ses yeux.

En juin 2019, nouvelle pirouette : au lendemain d’élections européennes catastrophiques, Pécresse décide de quitter LR, de créer son propre parti et annonce que la refondation « ne pourra pas se faire à l’intérieur mais à l’extérieur » des Républicains. Ce qui ne l’empêche pas aujourd’hui d’accepter le principe de la primaire proposé par Christian Jacob. Vu que l’avenir du parti semble de nouveau s’éclaircir, c’est plus prudent.

Quant à Xavier Bertrand, il poursuit certes son cavalier seul. Mais il a fait la preuve de cette même propension à quitter le navire et à mettre dans l’embarras sa propre famille politique. Bertrand claque en effet la porte de LR en 2017. Au lendemain de l’élection de Laurent Wauquiez à sa tête, il déplore le positionnement « trop à droite » de celui-ci, et critique par la même occasion, plus de six mois après les présidentielles, sa famille politique qui, à l’époque, « n’a pas voulu dire clairement qu’il fallait voter Emmanuel Macron pour faire barrage à l’extrême droite ».

En mars 2021, en plein débat sur l’utilité d’une primaire au sein du parti qu’il a abandonné, il annonce sa candidature à la présidentielle. Depuis, il ne cesse de courtiser les voix de gauche, laissant même supposer une alliance avec Arnaud Montebourg, capitalisant sans vergogne sur le rejet du RN, allant jusqu’à avouer « préférer gouverner avec les communistes » lors des Européennes.

Quoique Bertrand semble encore plus soluble dans les idées de gauche que Pécresse, tous deux partagent cette même caractéristique, à savoir qu’il est impossible d’avoir une idée précise du projet politique dont ils sont les porteurs.

A l’inverse, François Baroin est toujours resté fidèle à sa famille, jouant parfaitement le rôle de personnalité de réserve prête à bondir de sa boîte à chaque élection. Mais de la même façon que ses deux collègues, Baroin véhicule cette même image souriante d’un leader politique sans conviction ni attachement aux idées.

Souvenons-nous : il était prêt à mettre en musique le programme de Fillon en tant que premier ministre de celui-ci. Pourtant, dès les premières critiques contre ce programme jugé à tort profondément antisocial[2], il a aussitôt proposé de le nettoyer de toutes ses aspérités libérales et de l’ensevelir sous les fausses bonnes mesures si chères aux socialistes.

Ainsi pourrait-on conclure, au sujet de Pécresse, Bertrand et Baroin, et sans aucune animosité à leur endroit, qu’ils ne semblent porteurs d’aucun projet politique particulier, si ce n’est celui d’être élus.

Le groupe des réformateurs : Retailleau, Lisnard, Barnier

Bruno Retailleau, David Lisnard et plus récemment Michel Barnier présentent des caractéristiques bien différentes. Critiques du gouvernement socialiste actuel ou de la situation dramatique dans laquelle se trouve notre pays, ils affichent des propositions précises et courageuses. Ils ne le font d’ailleurs pas seulement sur les sujets du moment, comme l’insécurité, mais sur les causes profondes de notre déclin : la revalorisation de la culture, la maîtrise de l’immigration, le rétablissement de l’autorité de l’Etat et bien évidemment la ré-industrialisation qui, pour eux, loin des promesses éthérées du président, ne peut se faire sans un allègement du fardeau bureaucratique[3] qui plombe la création de richesse du pays.

Au-delà de la motivation qui semble les habiter, et d’une compréhension des problèmes du pays, ces trois personnalités font preuve d’un véritable leadership. Ils n’ont jamais été pris en défaut de courir derrière tel ou tel courant porteur, tel ou tel électorat improbable. Au contraire, ils annoncent un programme, qu’ils construisent à partir des réalités sociales et économiques. Ils le proposent en toute transparence. Et c’est à l’électeur de se positionner en conséquence.

Il existe bien évidemment d’importantes nuances politiques entre Retailleau, probablement plus traditionnaliste, Lisnard, viscéralement libéral et réformateur, ou Barnier, plus consensuel sur la forme en tout cas, et pour le moment. Mais c’est bien entre ces trois candidats que se trouve, au sein de la droite républicaine, l’intérêt du pays. A l’électeur de se faire une idée.

 

 

[1] Avec une disparition de la moitié de son industrie en moins de 30 ans, un recul relatif régulier de sa richesse par habitant, une part croissante de la redistribution (actuellement, plus de 50% des revenus perçus par les Français sont redistribués !), l’insécurité croissante, etc…

[2] Preuve en est : l’accroissement du chômage, de la précarité et du recul économique depuis l’élection de Macron, alors que le pays a connu en même temps des troubles sociaux sans doute pires que ceux dont le programme de Fillon était accusé à l’avance de risquer de déclencher

[3] Il s’agit d’une réalité incontournable, aucun miracle n’étant à espérer lorsque l’on truste le sommet du hitparade des pays de l’OCDE les plus ponctionnés par l’Etat. Mais il faut du courage pour le dire dans un pays dont la classe politique promet depuis des décennies toujours plus de protection sans en assumer les conséquences

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